« C’est impossible. »
Cette phrase, on l’a tous entendue lorsque nous essayions de faire quelque chose de différent, de risqué. Ou alors peut-être que c’est vous qui l’avez prononcée ? Jusqu’à ce que vous croyiez impossible le devienne.
Que penser de cela ? C’était impossible, mais maintenant ça l’est ? Ce n’est pas correct, tout du moins linguistiquement parlant, de dire cela. Et ça ne parait pas très logique non plus, il ne faut pas bien longtemps pour nous en rendre compte.
Ainsi, si cette chose que vous jugiez impossible a été réalisée, c’est que ce n’était pas impossible, mais simplement que vous pensiez que ça l’était. C’est là où réside toute la nuance. En effet, cette nuance signifie que votre modèle de pensée s’est ancré dans un système de croyance aux pensées limitantes.
Avant chaque record, chaque accomplissement, nous pensons être arrivés au sommet de nos capacités : le sport est un exemple fabuleux pour illustrer la puissance de nos barrières mentales.
D’une part, il y a des symboles, c’est-à-dire les barrières que nous pensions impossibles à franchir :
- nous pensions que passer la barre des 2h en marathon était impossible, Eliude Kipchoge l’a fait.
- Jusqu’au 3 juin 2019, il était impensable que le Big Wall du parc Yosemite, El Capitan, soit escalade en solo intégral (= sans aucune sécurité ou protection). Pourtant Alex Honnold l’a fait en empruntant le parcours voie Freerider en 3 h 56 minutes. Je vous conseille chaudement le documentaire Free Solo à ce sujet.
- Le 14 janvier 2015, Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson venaient à bout du Dawn Wall, une paroi mythique de 900 mètres lisse comme une feuille de papier, située dans la vallée du Yosemite, après dix-neuf jours d’ascension. Je vous conseille le documentaire The Dawn Wall à ce sujet.
- Faire le tour du monde par l’équateur sans moyen motorisé. Pourtant le 3 juin 1999, Mike Horn part du Gabon à l’ouest du continent africain et après 17 mois d’aventure, l’explorateur revient à son point de départ, 40000km plus tard… Je vous conseille le livre (disponible en format poche également) et le film sur cette expédition : Latitude 0.
Puis, une fois que ces barrières sont franchies, nos schémas de pensées conventionnels se retrouvent balayés : l’impossible a été fait, ce n’était donc pas impossible ! Une fois que notre cerveau accepte ce postulat, et admet que quelque chose est possible, alors les exploits se suivent :
- Travis Pastrana fut le premier à réussir un double backflip en motocross aux X Games de 2006. Puis cet accomplissement a été pulvérisé par Josh Sheehan qui a signé le 1er triple backflip de l’histoire du FMX en 2015.
- Roger Bannister fut le premier homme à courir le mile (1.6km) en moins de 4 minutes en 1954. Seulement 46 jours après ce record incroyable et attendu depuis des dizaines d’années, l’australien John Landy, a battu le record, avec un temps de 3 minutes 58 secondes. A peine un an plus tard, trois coureurs ont balayé la barrière des 4 minutes en une seule course !
- Le patineur canadien Vern Taylor fut le premier à réussir le triple axel en compétition aux Championnats du monde de 1978. Depuis ce temps, ce saut est devenu un standard pour les compétiteurs d’élite. La première femme à réussir un triple axel en compétition est Midori Ito lors du Trophée NHK de 1988. Depuis, 11 autres femmes l’ont réussi en compétition.
Ce qui est intéressant avec ces exemples, c’est le pouvoir de la pression des croyances limitantes. Si nous revenons à l’exemple du mile sous les 4 minutes, les experts pensaient connaitre les conditions précises dans lesquelles le record tomberait : un temps parfait de 20°c, pas de vent, un terrain spécifique dur, devant une immense foule en extase. Bannister l’a fait un jour où il faisait froid, sur un terrain mouillé, devant une foule d’à peine 1000 personnes. Depuis, ils sont près de 1500 milers à avoir couru sous les 4 minutes si bien que ce seuil est désormais considéré comme un nouveau standard, quasi « normal », alors que le record est tombé à 3:43.13, par Hicham El Guerrouj en 1999.
L’impossible… n’est pas ! (ou presque)
Deux professeurs de la Wharton School ont analysé et transposé cette notion de pensée limitante avec l’exemple de Bannister à la sphère business. Dans leur livre The Power of Impossible Thinking, Yoram Wind et Colin Crook se questionne sur la raison pour laquelle, une fois le record battu, tant de coureur ont suivi. Leur réponse : le changement de paradigme mental. Les coureurs du passé avaient évolué dans un système de croyance leur disant au fond de leur tête qu’ils ne pourraient pas passer pour les 4 minutes au mile car c’était humainement impossible. Mais quand ce seuil a été franchi, l’impossible est devenu possible et les barrières mentales se sont effondrées.
L’élément clef à comprendre est qu’il est important de faire sens du monde qui nous entoure afin de pouvoir prendre des décisions qui correspondent à la réalité, et non de faire l’erreur de se référer à un modèle (obsolète qui plus est !) de notre perception de la réalité. Un modèle souvent inspiré voire modelé par les prismes sociétaux.
Comment dépasser ses pensées limitantes ?
Réussir ce qui apparait comme impossible se résume, à mon sens, à la capacité de résilience. Selon moi celle-ci comporte deux volets fondamentaux :
- la ténacité, c’est-à-dire le faire que l’on est déterminé par notre objectif d’une part. D’ailleurs, comme l’explique Mike Horn lorsqu’on lui demande comme il fait pour continuer à avancer quand les conditions de ses aventures sont extrêmement difficiles, il répond qu’il ne croit pas à la motivation, mais que tout est question de discipline.
- l’adaptation d’autre part, c’est-à-dire qu’un échec sera vu comme non pas une justification d’abandon, mais comme une invitation à essayer autre chose comme j’en parlais déjà dans cet article.
L’idée est donc d’être capable de reprogrammer sa façon de penser afin d’en faire émerger d’autres options, d’autres opportunités face à un même challenge. Ce n’est pas une chose aisée. Nos systèmes de pensées sont si ancrés en nous, sans avoir été remis en question, que cela requiert un travail d’apprentissage, une véritable travail sur soi. Quelques techniques à noter :
- La méditation quotidienne, sous forme d’introspection, de visualisation, d’auto-hypnose afin de faire émerger nos schémas de pensées enfouis, les identifier, puis les décomposer petit à petit.
- Chasser les pensées négatives. Notre cerveau est programmé en fonction d’un biais cognitif négatif, c’est-à-dire que nous avons plus de facilité à nous rappeler des choses négatives, et que ces dernières ont davantage d’impact sur nous. L’idée est donc d’identifier quand une pensée négative survient, de s’en détacher afin de la comprendre et de la laisser passer.
- Pratiquer la pensée positive ! Sous forme de mantra, mais aussi de choisir à chaque instant de voir le positif dans votre quotidien. Cela entraînera votre cerveau à se concentrer sur ces choses là.
- Etirer son esprit. Comme le corps, l’esprit s’étire : sortir hors de sa zone de confort, normaliser l’échec, essayer des choses nouvelles permettra de rafraichir notre vision des choses, nos biais cognitifs, et de constamment réactualiser nos croyances.
A vous de reprogrammer vos systèmes de pensées !