Ces derniers mois ont été plus que particuliers, et ce pour tout le monde. Nous avons tous été affectés d’une façon ou d’une autre par les événements récents : dans notre travail, qui a pâti de la situation ; dans notre vie affective, limitée en déplacements ; dans notre relation à nous-même, face à notre ennui peut-être.
La vie reprend, d’une certaine manière, son cours. On pense alors devoir rattraper le temps perdu ; ce temps de pause pendant lequel notre vie s’est ralentie. Tout doit être compensé, sinon c’est la catastrophe. Courir après les clients, accélérer les devis, multiplier les sorties entre amis, faire deux fois plus de sport…
Pourtant, si l’on y réfléchit bien, ce désir de vouloir rétablir l’équilibre après la période de confinement – comparable pour certains à une période de manque, ou de disette (professionnelle, émotionnelle, de loisirs…) – signifie autre chose. Cela marque le désir de retrouver les valeurs de notre vie d’avant. Est-ce vraiment cela que vous voulez ?
On se retrouve à tout vouloir tout de suite : que la situation se rétablisse d’un coup pour nous ; que « la vie reprenne son rythme ». Vite. Mais la vie s’est-elle vraiment arrêtée à un moment ?
Le changement nous effraie, les routines nous confortent. Malgré un rythme de travail qui peut nous rendre amorphe, malgré des transports en commun qui jouent avec nos nerfs, malgré la superpositions de plusieurs sorties/apéro/ciné avec nos proches plusieurs fois par semaine, tout ce qui pourrait contrevenir à cette routine menace ce que l’on considère comme être un fondement de notre vie. Mais l’est-ce vraiment ?
Ces temps incertains offrent pourtant également la possibilité d’un changement de paradigme. Et si le confinement n’avait pas été un manque, mais une opportunité pour réévaluer notre vie et nos valeurs ? Pour justement créer de la valeur. Un temps précieux de respiration qui nous permet de réévaluer ce que nous considérons comme fondamental à notre vie, d’un point de vue personnel comme professionnel.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si de nombreux témoignages au sortir du covid ont partagé leurs désirs d’espaces verts et de nature et leur quête de sens : certains ont choisi de quitter leur grande ville, de se reconvertir, de ralentir en passant à mi-temps, d’autres ont revu leur mode de consommation et ont décidé de boycotter les grandes surfaces ou passer au compostage… Il y a des chances que certaines personnes de votre entourage en fassent partie, ou bien peut-être vous déjà !
Cette dualité entre ceux qui souhaitent « rattraper le temps perdu » (bien que les impératifs économiques pour les personnes à leur compte et les chefs d’entreprises notamment se comprennent complètement) et ceux qui réévaluent leur vie revient à la question de la vitesse : la satisfaction de notre vie dépend-elle uniquement de notre taux de productivité ? Ne vaut-elle d’être vécue uniquement en fonction de notre capacité à enchainer les dossiers, les invitations, à réaliser des objectifs ?
À tout vouloir tout de suite, on en oublie le chemin de réflexion nécessaire pour mûrir nombre de décisions. À tout vouloir tout de suite, on néglige l’importance du temps. Or le temps est bien une des choses que nous ne pouvons pas accélérer, et qui est donc hors de notre contrôle – ce qui n’est pas chose facile à accepter.
Savoir se poser, sans réfléchir, et accepter d’être tout simple, plutôt que de faire, un challenge pour certains qui peut pourtant se révéler être une pratique bénéfique pour notre mental et nous aider à y voir plus clair lorsque nous ne savons plus où donner de la tête. Une leçon qui peut s’appliquer pour tout : la prochaine fois, apprenez donc à savourer plutôt qu’à vous précipiter !